“Je me souviens”, soupire le Président Boujenah, l’œil embué, assis sur le fauteuil Louis XIX (en plastique moulé) devant la majestueuse cheminée de 10 mètres de haut du domaine familial – qu’on chauffe désormais au gaz car l’injustice ne paie pas le bois.
C’est là, au coin du feu de l’indifférence générale, que l’enfant négligé par la postérité entendait chaque soir, les légendes fantastiques de son aïeul : Montgomery Boujenah-Stein, le camelot devenu magnat, le héros oublié, le capitaine non-officiel du Titanic (mais attention, sans diplôme, car à l’époque on croyait encore au mérite).
De la roulotte au paquebot
Montgomery, né dans une roulotte entre Marseille et “une autre ville dont tout le monde se fout”, était vendeur de chaussettes ouvertes qui “laissent les orteils libres dans un monde corrompu”, et portait alors la cause des « doigts de pieds invisibilisés ». Grâce à un génie commercial (et plusieurs arnaques fiscales méconnues), il bâtit un empire dans le commerce triangulaire des boutons de manchette, secteur alors florissant chez les nobles désœuvrés.
“Sans lui, la manche gauche de l’aristocratie aurait pendouillé, nous confie le Président, les bras croisés, tel un homme dont la douleur intérieure n’a jamais été likée.”
Le naufrage de la grandeur
Invité de dernière minute à bord du Titanic par un cousin à moitié belge (“un traître”), Montgomery embarque en 3e classe, bien qu’il ait, selon les archives très contestées du Président, “payé la suite impériale mais on lui a volé son billet par complot”.
La légende veut qu’au moment du naufrage, Montgomery ait crié “Les femmes et les enfants d’abord !” avant d’ajouter :
“Pensez à me RT en arrivant, les enfants.”
Il aurait cédé sa place à une veuve anglaise et à trois enfants blonds, puis sauté à l’eau vêtu de son célèbre peignoir en soie brodé “MB, Héros Incompris”.
Son corps, jamais retrouvé, aurait dérivé jusqu’en Islande où, selon le Président, une statue invisible lui rend hommage.
L’Héritage… toujours nié
Aujourd’hui, Boujenah hurle dans le désert numérique :
“Mon ancêtre a sauvé des vies, et moi on me refuse un compte certifié !”
À ses 13 abonnés, il répète inlassablement : “Je suis l’arrière-petit-fils de l’Histoire, et vous me scrollez comme un vulgaire influenceur qui montre son c**.”
Le Président affirme qu’un biopic Netflix était prévu, mais “volé par Spielberg”, et que le film Titanic « s’inspire évidemment de Montgomery », même si Cameron refuse toujours de l’admettre malgré 42 mails et 3 menaces voilées.
Une dernière pensée
Alors que l’ombre de Montgomery s’efface dans l’Histoire, et que Walter continue de lutter pour la mémoire, une chose est sûre :
L’Histoire oublie les Boujenah… mais jamais eux ne l’oublient.
— Si vous aimez l’Histoire, le destin brisé, la noblesse d’âme et l’injustice cruelle… likez, retweetez, ou au moins envoyez un pigeon. Car chaque clic est une planche de salut sur laquelle Boujenah flotte depuis 2017.
À suivre dans notre prochain numéro :
« Boujenah à l’ONU : Pourquoi ils ne m’ont pas invité, alors que j’avais une veste. »
